J'ai appris : le portable
La vie nous offre parfois quelques péripéties de prime abord anodines, et qui pourtant, en y regardant de plus près, lèvent des voiles, éclairent des fonctionnements, mettent un coup de projecteurs ( quand ce n'est pas un coup de pied au derrière) sur une situation ou une posture. Cela peut avoir pour but d'amener à nous des éléments de compréhension non négligeables, et qui parfois, font toute la différence.
Mes vacances dernières se sont déroulées sur le thème "balade urbaine" . Ainsi, pendant une semaine, portable à la main, nous avons sillonné les rue de la Capitale, pour découvrir, un à un, les quartiers et nous fondre dans leur population. De Belleville à Courcelles, en passant par Montmartre et Charonne, Mr Google, notre guide local, nous a ainsi indiqué les rues à emprunter, les endroits à voir et les métros à prendre. Il y a encore quelques années, lorsque nous partions en vacances, mon mari et moi ( enfin surtout mon mari ...), préparions longtemps à l'avance le périple; nous arrivons ainsi le jour "J" en sachant quoi aller visiter/voir et comment s'y rendre. Puis peu à peu, le tourbillon du quotidien nous embarquant dans sa course, et la technologie prenant de plus en plus de place, me voici en train de me poser de moins en moins de questions puisqu'il "n'y aura qu'à regarder sur le portable". Ah ! ce nouvel ami qui s'occupe de tout, de tout enregistrer pour moi et même de me rappeler les anniversaires de mes proches ( si tant est que l'on programme cette notification, mais n'empêche, elle existe!), ou mes rendez-vous pro et perso.

Mais, l'amitié vous savez ce que c'est : c'est sur la durée qu'on peut jauger de sa qualité et, notamment, dans les coups durs ( ou pas....mais ceci est un autre sujet ...de newsletter à venir , qui sait). Et clairement, je vous le dis, ni Mr Google, ni Mr Huawei ( ou samsung ou iphone) ne sont des amis fiables ! La veille de notre départ, alors qu'une grève ferroviaire faisait rage, causant désarroi et vent de panique à Montparnasse, mon réseau s'est brutalement coupé. Littéralement fermé, black out ! ni internet, ni téléphone. En plein cœur de Paris me voici dans l’impossibilité de communiquer. Première prise de conscience : mon monde était concentré dans ce tout petit objet; Bien que j'avais opéré un minimum de déconnexion, je passais mon visage par la fenêtre des réseaux sociaux ( nos autres nouveaux amis..), au moins une fois dans la journée; un petit sms aux/des enfants....toutes ces petites choses qui finalement, parce qu'on y prend pas garde, nous retiennent en permanence dans ce quotidien que l'on cherche à mettre de côté en vacances. En plein cœur de Paris je me retrouvais dans l'impossibilité de communiquer...Je vous laisse apprécier cette phrase et tout ce qu'elle implique.
Les prémices de mes déboires "mobilaires" avaient commencé quelques jours auparavant, lorsque, à une ou deux reprises, des rendez-vous professionnels ne s'étaient pas correctement enregistrés; et si ma mémoire, dans un sursaut, m'a permis de corriger ces oublis, un pas de plus dans le lâcher prise technologique et je passais à côté de ces soins et consultations.
Lors de la coupure inopinée et inexpliquée du réseau, je me suis sentie paniquée et oppressée. La coupure a duré 2 jours entiers. 2 jours qui m'ont laissée le temps d'analyser et d'observer ces sentiments; d'où venez cette frustration? Une seule réponse est apparue, cinglante et imposante : le manque de contrôle . Pendant un court instant, mon Être a eu la sensation de perdre le contrôle de sa vie. Ce qui n'est pas complètement faux puisque je n'avais accès à aucune de mes données ni professionnelles, ni personnelles. L'équipe infernale Google et Huawei, c'est elle qui avait tout en main, pas moi !
J'ai appris que peu à peu j'avais déposé mon pouvoir dans les mains d'autres personnes, d'autres instances et que potentiellement cela pouvait me nuire. Cela a agit sur moi comme une révélation : je perdais le contrôle de ma vie ...bon je vous accorde que cela peut paraître exagéré, et pourtant en y regardant bien, avec un pas de côté, c'est bien de cela dont il s'agit... J'ai donc pris des résolutions comme recommencer à acheter un agenda papier et un carnet d'adresses ; peut être que cela présage plus de travail et du doublon mais cela implique qu'à nouveau c'est moi qui dirigerais le bateau. Et au-delà des poussières que représentent ces détails ( car ce ne sont que ça , des détails), il s'agit avant tout de vivre en conscience et de savoir où l'on place son pouvoir.
J'ai appris que moi seule devait être la décisionnaire de mes actes et de mes choix, responsable de mes réussites comme de mes échecs; J'ai appris à toujours me poser la question, avant chaque décision : en faisant telle ou telle chose, dans quelles mains je décide de mettre ma puissance et ma liberté...
Newsletter de Novembre 2019 - publiée sur le blog le 6 Janvier 2020